Les étiquettes alimentaires

Par Katia Bricka

Non non, je ne parlerai pas des étiquettes de valeurs nutritives qu’on retrouve sur les produits alimentaires ! Je vais plutôt vous parler des étiquettes qu’on s’impose à nous-mêmes pour définir notre façon de manger comme végétalien, végétarien, omnivore, pescetarien, etc.

Je me questionne de plus en plus sur l’utilité de ces étiquettes… Il y a certains aspects positifs, j’en conviens. C’est important le sentiment d’appartenance à un groupe. C’est le fun de se sentir entouré de pairs qui ont un régime alimentaire similaire au nôtre. Ça permet de se soutenir et de s’offrir des astuces.

Par contre, est-ce que ça nous impose aussi une pression ? Une pression de ne pas déroger ? Une pression de ne pas faire d’erreur faute de se faire sanctionner par notre communauté ? Est-ce que les étiquettes alimentaires ne nous permettent pas de pratiquer pleinement l’alimentation intuitive ? En fait, est-ce que les deux peuvent coexister ? Je me suis penchée sur la question lors de l’épisode 22 de mon balado « Open Mind » avec la nutritionniste-diététiste Myriam Beaudry. Je vous invite fortement à l’écouter.

Je vais parler ici de mon histoire et de ce qui a poussé ma réflexion. Quand je suis devenue végétarienne (avant de devenir végétalienne) en 2016, j’ai commencé à cuisiner beaucoup plus. À savoir que je ne cuisinais presque pas avant. Ces changements alimentaires ont engendré une perte de poids qui n’était pas volontaire. Par contre, en toute honnêteté, cette perte de poids faisait mon affaire d’autant plus qu’elle a été grandement valorisée par mes proches et par la société. J’ai donc continué de m’alimenter de « mieux en mieux ». Les guillemets ici sont importants puisque je sais aujourd’hui que mon alimentation ultra restrictive n’était pas saine. Je suis devenue végane au même moment que j’ai développé un trouble alimentaire appelé orthorexie. J’ai d’ailleurs écrit un article sur ce sujet en 2022 : Ma relation avec la nourriture.

En 2020, j’ai très tranquillement commencé à m’en sortir. Je me suis énormément renseignée sur l’alimentation intuitive et je tente, encore à ce jour, de l’appliquer du mieux que je peux. Il y a d’ailleurs aussi un article écrit pas la nutritionniste-diététiste Myriam Beaudry sur le blogue sur ce qu’est l’alimentation intuitive : Alimentation intuitive : Qu’est-ce que c’est ?

Bien que le végétalisme soit arrivé dans ma vie à la base pour des raisons d’éthique en lien avec la cruauté animale, il a aussi engendré un trouble du comportement alimentaire. J’ai donc un drôle de rapport avec ce mode de vie. Je pense que véganisme et alimentation intuitive peuvent coexister pour certaines personnes. Pour ma part, si j’écoute mes besoins et mes envies, il peut m’arriver de déroger de ce mode de vie et c’est C-O-R-R-E-C-T. Je le répète souvent, la culpabilité ne devrait jamais avoir sa place dans l’alimentation. Aussi, je pense que c’est important de répondre à ses envies. Comme je dis souvent à mon mari, je trouve ça dommage que l’alimentation végétale ne soit pas plus disponible partout. Les options véganes manquent souvent et ça fait en sorte que, parfois, je me tourne vers une option végétarienne. Je connais des végétalien·nes qui vont manger de la viande à l’occasion (par exemple, pour la journée de leur fête). Ça ne fait pas de ces personnes des mauvais·es végétalien·es, ça fait d’elles des personnes qui respectent et écoutent leurs envies tout en respectant aussi leurs valeurs 99,9% du temps.

De mon côté, je suis une grande amoureuse de chocolatines. J’aaaadore ça. Qu’on se le dise, des chocolatines véganes, sauf si tu les cuisines maison (allô la recette ici hihi), c’est très rare. Surtout si tu ne vies pas à Montréal. Donc parfois, j’en mange une avec un bon latté quand je vais dans un café. Aussi, quand je suis enceinte, je réponds encore plus à mes envies intenses. Il peut m’arriver de manger des Doritos au fromage ou encore, aucune idée pourquoi j’ai eu cette envie, un Jos Louis. Bref, je ne commencerai pas à énumérer ici toutes les exceptions qu’il m’arrive de faire, mais vous comprenez le principe.

J’ai simplement envie de normaliser qu’une personne végétalienne peut ne pas manger végétalien 100% du temps. Elle reste valide. Dans le fond, ce qui compte, ce sont les efforts qu’on fait. Le monde se porterait mieux si on ne s’imposait pas une pression avec les étiquettes alimentaires et la rigidité qu’elles amènent.

Bannir les étiquettes alimentaires ? Non. Tolérer et accepter que rien n’est parfait, oui. La bienveillance, le respect et surtout s’écouter c’est le plus important selon moi.

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