Nouvel An : Intégrer des changements alimentaires avec sens (si on veut)

Par Myriam Beaudry

« Et puis, prends-tu des résolutions pour la nouvelle année ? »
Après s’être souhaité « Bonne année ! », cette question ne tarde généralement pas à suivre. La nouvelle année est une période propice à l’introspection et à réfléchir à ce qu’on souhaite changer dans sa vie.
Selon le dictionnaire Larousse, une des définitions du mot « résolution » est la suivante : « Acte par lequel, après réflexion, on décide volontairement d’accomplir quelque chose ». J’attire votre attention sur les termes « après réflexion » et « volontairement » qui, je crois, sont particulièrement important (et parfois oubliés).

Selon les données d’un sondage réalisé auprès de plus de 1000 Canadien·ne·s, près d’une personne sur trois prend une résolution en janvier(1). Aux États-Unis, c’est environ 40% des gens qui le font. Pas moins du 2/3 des résolutions touchent l’alimentation et l’activité physique(2). Dans cette étude, après un an, c’est 55% des répondant·e·s qui considéraient avoir réussi à maintenir leurs résolutions. Qu’est-ce qui les distingue des participant·e·s qui n’ont pas eu de succès ? À venir plus loin…

D’un autre côté, on observe aussi une sorte de mouvement « anti-résolutions », ou la résolution de ne pas prendre de résolution (même dans le milieu scientifique !) (3; 4). Dans ces messages, on souligne également l’importance de ne pas attendre au Nouvel An pour faire des changements à nos habitudes de vie.

Bref, prendre ou ne pas prendre de résolutions ? Comment faire des changements durables au niveau de l’alimentation pour soi ? Voici quelques pistes de réflexions et outils.

1. Est-ce le bon moment ?

J’aurais même envie de dire que c’est « l’étape 0 ». Bien qu’il y ait une mouvance sociale autour du mois de janvier pour la mise en place de changements, il est possible que cette année, ce ne soit simplement pas le bon moment pour vous. Et c’est totalement correct.

Un déménagement, une rupture amoureuse, la mort d’un proche, un problème de santé, les aléas de la vie ou simplement, que l’envie n’y soit pas. C’est parfaitement valide. On n’a surtout pas « échoué » son Nouvel An si on ne se fixe pas de nouveaux défis ou si on décide de le faire plus tard dans l’année.

2. Pourquoi ?

Vouloir végétaliser son alimentation, manger plus de légumes, réduire sa consommation d’aliments ultra-transformés, acheter local, essayer des nouvelles recettes, réduire le gaspillage alimentaire et j’en passe, ce sont tous de beaux défis.

Cela dit, y a-t-il une motivation profonde et intrinsèque qui nous pousse à les relever ? Viennent-ils plutôt d’une pression externe ? Pourquoi veut-on mettre ce changement en place ? Pourquoi est-ce important pour soi ? Est-ce une démarche qui nous apporte du plaisir et qui suscite la curiosité ?

Cette étape de réflexion est particulièrement importante. En effet, la motivation intrinsèque joue un rôle crucial dans l’adoption et le maintien de changements des habitudes de vie(5). Les gens ayant une motivation intrinsèque plus importante en lien avec leurs objectifs sont plus susceptibles de les atteindre (2; 6). (On se souvient du taux de succès de 55% mentionné en introduction ?)

Se fixer un objectif imposé par autrui ou motivé par des pressions externes, c’est se mettre plus facilement en position d’échouer.

3. Miser sur des objectifs d’approche (plutôt que d’évitement), clairs et progressifs

Les objectifs dits d’approche sont associés à plus d’émotions agréables et un meilleur sentiment d’auto-efficacité, par rapport aux objectifs d’évitement(7). Par exemple, au lieu de dire « Je ne mangerai plus de viande la fin de semaine » (objectif d’évitement), une autre formulation serait « Je vais miser sur les protéines végétales la fin de semaine » (objectif d’approche).

Bien que le « résultat » final soit le même, la formulation utilisée influence les processus émotionnels et cognitifs qui eux, auront un impact sur l’adoption du comportement(7). C’est aussi un facteur déterminant qui distingue les gens qui maintiennent ou non leurs résolutions(2).

Plus encore, la précision de l’objectif fixée est importante ! L’acronyme « SMART » est un bon outil pour fixer un objectif. En effet, on veut que celui-ci soit Spécifique, Mesurable, Atteignable, Réaliste et Temporellement défini.

Ainsi, pour bonifier l’exemple plus haut « Je vais miser sur les protéines végétales la fin de semaine », nous pourrions le formuler ainsi : « Je vais intégrer du tofu lors des soupers du samedi et dimanche (spécifique et mesurable) jusqu’ à la mi-février (temporellement défini) ». Les aspects « atteignable » et « réaliste » sont propres à chacun et demandent une réflexion. Intégrer du tofu ET des légumineuses, du tempeh et du seitan d’un coup pourraient ne pas être réalistes. Manger végé 7 soirs/semaine ne serait peut-être pas atteignable au début.

Prendre le temps de définir clairement un objectif permet de mettre plus facilement en marche les démarches pour l’atteindre (p.ex. : chercher spécifiquement des recettes de tofu à préparer la fin de semaine et les prévoir à l’horaire d’avance). Cette démarche permet aussi de rectifier le tir plus facilement si on rencontre des difficultés (p.ex. : le tofu n’est pas un succès, tenter des recettes différentes ou décider d’intégrer les légumineuses à la place).

Finalement, il vaut mieux se donner le temps et y aller progressivement. Même s’il faut six mois pour atteindre un objectif, vaut mieux prendre ces six mois pour intégrer un objectif de façon durable, plutôt que d’y aller à fond pendant quatre semaines et tout arrêter après. Prenons plaisir au processus !

5. Faire preuve d’auto-compassion

Se taper sur la tête quand on ne réussit pas quelque chose, c’est rarement constructif. En fait, bien que la culpabilité et la honte puissent parfois motiver des changements à court terme, ils ne sont pas efficaces à long terme pour l’alimentation(8). Au contraire, la culpabilité ne serait pas un vecteur de motivation pour la saine alimentation à long terme(9; 10)

Inversement, la pratique d’auto-compassion est plutôt associée à une meilleure qualité nutritive de l’alimentation, une meilleure estime de soi et même, une pratique d’activité physique plus importante(11)

Vivre des difficultés, avoir des obstacles et devoir, parfois, revoir ses objectifs, ça ne fait pas de nous un échec. Ça nous rappelle simplement que nous sommes des humain·e·s parfaitement imparfait·e·s !

6. Célébrez les succès, aussi petits soient-ils

« Eyes on the prize ».

Oui, mais à être trop concentré·e sur le résultat final, on oublie parfois de souligner les petites victoires et les étapes importantes du processus. Ok, on n’est pas encore à la mi-février à avoir mangé du tofu toutes les fins de semaines, mais peut-on au moins se donner une tape sur l’épaule d’avoir découvert et testé deux nouvelles recettes végés la semaine passée ? Absolument !

7. Ne pas hésiter à aller chercher de l’aide

En ce qui a trait aux changements pour l’alimentation, l’accompagnement d’un·e nutritionniste-diététiste peut faire toute une différence. Ce conseil est aussi applicable pour tout type d’objectifs : aller voir un·e kinésiologue pour recommencer à bouger davantage, un·e sexologue pour ses relations amicales et amoureuses, un·e physiothérapeute pour prévenir et traiter une blessure, un·e psychologue ou psychothérapeute pour des enjeux de santé mentale.

« Seul·e, on va plus vite. Ensemble, on va plus loin ».

En conclusion

Prendre un moment de réflexion et se fixer des objectifs pour la nouvelle année, c’est tout à fait louable, mais pas obligatoire. Malgré les influences extérieures, c’est une démarche qui nous appartient totalement et qui ne doit pas se faire au détriment de notre santé physique et mentale. Si le 1er janvier n’est pas un moment pour changer des habitudes alimentaires, ce n’est pas grave. Il y a 364 autres jours dans l’année pour le faire (et ce, si on en ressent le besoin). Si on veut se lancer, c’est super chouette et il y a plusieurs leviers possibles pour favoriser cette démarche.

Sur ce, il ne reste me plus qu’à vous souhaiter une douce et heureuse année 2025 !

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