AVERTISSEMENT : Cet article parle de troubles alimentaires.
Ouf… Je ne sais pas comment commencer cet article. Je sais qu’il sera difficile à écrire. Je me suis fait un bon café chaud, j’ai une grosse couverture sur moi et de la musique douce qui joue. Ça devrait bien aller.
Je pense que je vais commencer par le tout début. C’était en février 2017. Pour la St-Valentin, mon copain m’avait offert une belle camisole. Il avait pris la taille qui me faisait généralement, mais la camisole était trop petite. Ce que j’aurais dû faire ? Trouver des nouveaux vêtements adaptés à mon corps. Ce que je n’aurais pas dû faire ? Vouloir perdre du poids pour rentrer dans mes vêtements. Vous devinez ce que j’ai fait… J’ai décidé de vouloir à tout prix me conformer aux maudits standard de beauté de notre société. L’autre option était pourtant beaucoup plus douce et beaucoup plus facile, mais à mes yeux, la deuxième option était la plus normalisée et valorisée.
Je ne voulais SURTOUT pas faire de régime. Je voulais plutôt avoir un mode de vie sain (#bullshit). Une alimentation saine. Trop saine. J’ai graduellement coupé toute source de sucre. Je calculais même le nombre de fruits que je mangeais dans une journée. Le sucre était mon principal ennemi. Je me suis mise à lire plusieurs livres et articles sur les méfaits de tel et tel ingrédient. Tranquillement, j’ai cessé de consommer plusieurs aliments (tout en étant végane en plus). J’étais de plus en plus limitée, mais hey ! Je perdais du poids ! Je commençais à me faire complimenter sur cette perte de poids. À me faire dire que j’avais vraiment un beau corps, que j’étais DONC mince. Donc même si j’étais de plus en plus malheureuse, j’avais l’impression que c’était ce qui fallait pour être valide.
C’est aussi pendant cette période difficile que j’ai créé mon blogue. Je pense que la seule chose de positive que ce nouveau mode de vie sain m’a apporté, c’est d’avoir appris à cuisiner et à développer cette passion. J’ai aussi découvert plein de nouveaux aliments et j’ai appris à intégrer plus de fruits et légumes dans mon alimentation. Bref, j’ai donc lancé mon blogue, La Recette Parfaite. Sur ce blogue, je catégorisais les aliments comme bons ou mauvais. Je parlais de recettes santé et de mode de vie sain… Des termes que j’ai désormais mis de côté pour plusieurs raisons. Ma plateforme a nui à beaucoup de personnes. Je sais que plusieurs se sont désabonné·es parce que le contenu ne les aidait pas à avoir une saine relation avec la nourriture. J’ai fait sentir plusieurs personnes coupables de leur propre alimentation et je m’en excuse profondément. Moi-même, je suivais les mauvaises personnes sur les réseaux sociaux. Des personnes qui ne parlaient que d’alimentation saine et d’entraînement. Des personnes qui étaient prisonnières des mêmes problèmes que moi…
Mon copain s’inquiétait, c’est certain. Une fois en particulier, il avait été très confrontant. Il m’avait nommé craindre que je souffre d’orthorexie. Qu’est-ce que c’est ? « Un comportement névrotique caractérisé par l’obsession d’une alimentation saine ». Moi, je m’obstinais corps et âme pour dire que ce n’était pas le cas. Il m’a donc fait passer le test de Bratman qui « permet d’établir si la personne tend à l’obsession en ce qui concerne la qualité de son alimentation et permet de poser un » diagnostic » d’orthorexie. » Il s’agit de poser dix questions précises et si la personne répond oui à deux ou trois questions, elle doit faire attention. Si elle répond oui à plus de quatre, il peut s’agir d’orthorexie. La première fois que j’ai fait le test, évidemment, la réponse était oui à toutes les questions, mais je justifiais chaque oui. J’ai d’ailleurs fini par me fâcher et demander à mon copain d’arrêter de m’en parler… J’ai refait ce test lorsque j’ai commencé à aller mieux. J’ai encore répondu oui à toutes les questions, mais cette fois, en toute connaissance de cause que j’avais besoin d’aide. J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps.
Durant cette période, je regardais des personnes manger des nachos et boire de la bière sur une terrasse et je les enviais. Je les enviais tellement… Pour me rassurer, j’essayais de me dire que ces personnes n’avaient pas compris que c’était important de bien manger. À quel point c’est moi qui n’avait rien compris ? Je me suis coupée de tellement de petits plaisirs. Je me souviens, quand j’ai commencé à aller mieux, mon copain est rentré du travail un vendredi et je lui ai dit que j’avais envie d’aller sur une terrasse manger des nachos et boire une bonne bière. Il m’a regardé abasourdit tellement il ne s’attendait pas à ça. Il était super content et moi aussi. Ce fût d’ailleurs une très belle soirée.
Honnêtement, je pense avoir réalisé graduellement que j’avais réellement un problème et que ça devait changer. Je me souviens de mon voyage en Corse à l’été 2018. J’étais tellement obsédée par tout ce que je mangeais que l’idée d’être loin de mon chez moi me rendait très anxieuse. J’essayais de tout calculer malgré moi et je ne me suis permis aucun restaurant du voyage. Quand je regarde les photos de ce voyage, je ne vois pas une Katia heureuse en vacances. Je vois une Katia tourmentée par ce qu’elle va manger aujourd’hui… Maudit que ça aurait pu être un beau voyage…
L’été d’après, nous sommes allés au Portugal. Je me suis jurée que je n’allais pas gâcher mon voyage de la même façon que je l’avais fait pour la Corse. Je voulais regarder les photos et me voir heureuse et épanouie. Ce que j’ai réussi à faire. J’ai mangé ce qui me tentait. Nous sommes allés au restaurant tous les jours. J’ai bu du Porto et du vin délicieux. Je me sentais plus libre et tellement heureuse. D’ailleurs, ça transparait sur les photos.
En revenant de voyage, j’avais envie de me sentir bien tout le temps. Pas juste au Portugal. J’avais envie de me libérer de cette performance que je m’imposais dans plusieurs sphères de ma vie. J’ai commencé à suivre des personnes inspirantes sur les réseaux sociaux. Des nutritionnistes anti-diète et ça me faisait du bien, ça me rassurait.
Notre poids sur la balance ne détermine pas notre valeur et maudit que ça ne vaut pas la peine de se rendre malheureuse pour un foutu chiffre qui ne veut rien dire. Depuis environ 1 an et demi, j’ai recommencé à manger des pâtes, du pain, des bonbons, des chips, des nachos, de la pizza et c’est bon en titi. J’ai recommencé à être heureuse. J’ai recommencé à m’aimer. J’ai cessé de détester mon corps. J’ai cessé de passer des heures devant le miroir à m’haïr. J’ai commencé à être reconnaissante de tout ce que mon corps me permet de faire. J’ai cessé de m’entrainer pour avoir un 6 packs. J’ai commencé à m’entraîner parce que j’aime bouger. J’ai arrêté d’être anxieuse à l’idée d’avoir des soupers avec ma famille ou mes ami·es. J’ai recommencé à avoir hâte à ces soupers parce que c’est si bon ce qu’on mange et c’est tellement plaisant.
Bref, j’ai recommencé à vivre.
Est-ce que je suis 100% rétablie ? Non. Il m’arrive d’aller moins bien. Mais ce qui est sûr, c’est que j’essaie fort d’aller mieux. Je suis consciente de ce qui est sain pour ma santé mentale et de ce qui ne l’est pas. J’en parle à mes proches. Je leur demande de faire attention à certaines choses en ma présence parce que c’est encore difficile pour moi d’entendre certains propos sur l’alimentation. Mais une chose dont je suis convaincue, c’est que je suis sur le bon chemin.
D’ailleurs, certaines personnes, qui s’étaient désabonnées du compte Instagram de La Recette Parfaite, m’ont écrit pour me dire qu’elles s’étaient ré-abonnées parce que maintenant mon contenu les aidait et les faisait sentir bien. Pour moi, c’est le plus gros soulagement que je puisse avoir.
Pour terminer cet article, j’ai envie de vous référer au site d’ANEB qui offre plusieurs services, autant pour les personnes qui souffrent d’un trouble alimentaire que pour leurs proches.
Prenez soin de vous ♡
12 Commentaires
Ton texte me rejoint énormément…. Encore plus que tu ne peux me penser. Il pose un baume sur mon coeur et m’apporte du réconfort ainsi qu’une lumière au bout de lin long tunnel. Tu es une femme remarquable et je me compte chanceuse de suivre ton blogue.
Oh Cathy ! Ça me touche beaucoup. C’est exactement pour cette raison que j’ai tenu à écrire cet article, donner de l’espoir. Je suis de tout coeur avec toi.
WoW! Je comprends que ça a du être difficile à écrire et publier…Mais ça doit tellement te faire du bien, une libération…C’est vraiment inspirant comme texte et j’aimerais bien le partager si tu es d’accord ( j’imagine que c’est pour cette raison que tu l’as publié…) MERCI et BRAVO pour ce gros cheminement! Surtout que tu sembles l’avoir fait sans bcp d’aide professionnelle??? ( je n’encouragerais pas évidemment mais juste un constat…)
Bonjour Chantal, bien sûr vous pouvez partager l’article ! Je n’ai effectivement pas eu d’aide professionnelle jusqu’à présent, mais je recommande d’aller en chercher. Je songe depuis des années à aller consulter un(e) psychologue ! 🙂
Vraiment wow … je suis en train de prendre le mauvais chemin aussi. Manger c’est mon plaisir et depuis un gros changement de carrière j’ai commencé à grossir. Mais je viens de comprendre que la solution n’est pas vraiment de me privé … il faut que je bouger plus, faire de l’exercice… je suis découragée et je changer tout mon garde robe pour avoir des vêtements qui me font par contre je ne me sens pas heureuse avec mon corps … Merci vraiment pour se partage inspirant.
Je peux comprendre que ce n’est pas évident ! Je t’invite à aller voir sur Instagram, juste après mon article, j’ai publié quels comptes et ressources m’aident à aller mieux dans mon cheminement. Il n’y a pas de solution miracle, mais je suis convaincue que ça pourra t’aider. Je suis de tout coeur avec toi !
J’ai d’abord vu l’annonce de ce billet sur Instagram. Ça a piqué ma curiosité. Avec le flot de la vie, j’ai oublié d’y revenir. Et ce soir, alors que je détestais mon corps, j’ai pensé à cet article. J’ai cherché le site sur internet pour finalement trouver le billet en question. La lecture a été troublante pour moi. Parce que jamais jusqu’à maintenant je n’avais eu de terme précis pour décrire ce que je vis depuis que je suis toute petite. Les larmes sont montées toutes seules et j’ai été faire le test. J’ai dit oui dix fois. J’aurai 40 ans le mois prochain. J’ai deux enfants à qui je cherche à tout prix à inculquer un rapport très sain à la nourriture et au corps, malgré tout. Malgré mes combats quotidiens. J’ai pu admettre que j’avais des troubles alimentaires et de l’anxiété il y a peu de temps et je peine encore à gérer tout cela à moi seule, avec la vie qui suit son cours.
Alors merci. Merci d’avoir pris parole. Merci pour le partage et la vulnérabilité. Merci.
Oh Maude, ça me touche beaucoup de te lire. Ça n’a vraiment pas dû être évident comme constat… C’est un gros pas que tu as fait que d’admettre certaines problématiques et je peux parfaitement comprendre que c’est aussi très confrontant. Je suis contente de savoir que l’article à pu te faire un peu de bien. On est pas toutes seules dans cette situation et je te promets que ça peut aller mieux. De l’aide est parfois nécessaire et je compte moi-même aller en chercher pour m’aider. Je t’envoie tout mon soutien !
Merciiiiii pour ce beau texte! C’est tout Mouaaa (sauf, que mouaaa je voulais prendre du poid mais, sainement… ). J’ai réalisé mon orthorexie l’an dernier et jenpeux dire que depuus octobre-novembre, je COMMENCE à travailler vérifier ma santé globale… et non, juste sur l’alimentation saine qui opressante nuit véritable mon trouble! Enfin, je commence à voir des gens qui sont comme mouaaa, je me sens tellement moins seule. Mon entourage ne me comprends pas du tout! Ils trouvent que je be suis plutôt chanceuse d’être mince, beau corps…et d’être capable de me restreindre. S’ils savaient tout ce que je vis dans ma tête et dans mon coeur…. Je ne suis pas guérie et chaque jour est une nouvelle bataille….je continuerai parce que je sais que malgré la difficulté actuelle, que plus tard j’en sortirai heureuse …. Merciiiiii d’écrire ceci… tu m’aides énormément
Bonjour Juliette, ça me peine de te lire ! Les commentaires sur le poids ne devraient jamais avoir lieu et je suis désolée que tu vives ça… Comme tu dis, on ne sait jamais ce que la personne vit. Merci beaucoup de ton partage et prend soin de toi xx
Merci Katia pour ce texte. Ce combat avec mon corps, je l’ai vécu presque toute ma vie. En fait, j’en suis même arrivé à avoir peur de manger. Peur de prendre du poids. Peur d’être malade. Peur d’avoir des inflammations. Heureusement, ma relation à la nourriture se développe doucement et aujourd’hui, j’arrive à manger avec plaisir. Je crois que ton texte touche trop de femmes encore aujourd’hui. Namasté !
Bonjour Marie-Claude. Je suis heureuse de lire que ce texte a pu faire du bien et que votre relation à la nourriture a changé 🙂 C’est un long processus et ce n’est pas toujours évident, mais je suis convaincue qu’on peut se libérer de ses pensées négatives ! Merci du partage 🙂