La bûche de Noël, la tourtière, les patates, le sucre à la crème, le vin, les biscuits pour le Père Noël… Tant d’aliments associés à de belles traditions et de moments en famille, mais étant malheureusement aussi synonymes de stress pour plusieurs. En effet, la période des Fêtes peut être un moment difficile en ce qui a trait aux préoccupations à l’égard du poids et à la qualité de l’alimentation. Je vous propose aujourd’hui quelques réflexions et des pistes de solution pour passer un beau mois de décembre !
Comme nutritionniste-diététiste, on me demande souvent quels sont mes meilleurs conseils pour passer un temps des Fêtes avec des repas « santé ». Ma réponse surprend parfois les gens, car je suis d’avis qu’on peut pleinement profiter des repas de Noël traditionnels et que garder le plaisir au centre de la table est probablement l’action la plus saine qu’on puisse faire.

D’abord, l’alimentation durant le temps des Fêtes est-elle si déterminante pour notre santé et notre bien-être ? Remettons un peu de perspective en regardant les calculs suivants. (Ma mère est mathématicienne et je bien crois avoir hérité d’une partie de son amour pour les chiffres…)
Si nous vivons jusqu’à en moyenne 80 ans et que nous mangeons au moins 3 fois par jour, ça fait 1095 repas par an et 87 600 repas dans une vie. Disons que la période des Fêtes s’étend sur 14 jours (en moyenne entre Noël et le jour de l’An, ainsi que les soupers de Noël avec les ami·e·s et au travail), ça fait 42 repas. 42 repas plus copieux sur les 87 600 que nous consommerons dans une vie, c’est minime. À l’échelle d’une année, ceci représente moins de 4% des repas.
N’oublions jamais que ce qui fait réellement la différence au niveau de la santé physique avec l’alimentation, c’est ce que nous mangeons au fil du temps et tous les jours, et non une petite période de l’année. Les maladies chroniques ne se développent pas entre Noël et le jour de l’An !

Bien se sentir autour des repas
Je ne connais pas grand monde qui passe au travers temps des Fêtes sans sortir de table au moins une fois en roulant… Il est bien typique que les repas de Noël soient plus copieux et les délicieux desserts traditionnels, toujours au rendez-vous. Il est plutôt normal que ça se produise, mais ça peut devenir bien déplaisant lorsqu’on enchaîne cette sensation plusieurs jours de suite ! Voici quelques astuces pour bien se sentir autour des repas des Fêtes :
Manger normalement durant le jour
Vouloir réduire ses apports alimentaires avant un gros souper ou sauter le dîner pour « garder de la place » est fréquemment évoqué. Cette stratégie est toutefois beaucoup plus propice de provoquer l’effet inverse en arrivant affamé⸱e au repas du soir. Lorsque cela se produit, on a tendance à manger beaucoup plus rapidement et beaucoup plus qu’on le ferait normalement et ce, sans forcément savourer les aliments devant soi. Plutôt dommage considérant que les plats de Noël sont si savoureux et gagnent à être dégustés dans le plaisir avec nos proches ! Pour bien profiter du repas et limiter les chances de mal se sentir physiquement après, il vaut mieux ne pas s’affamer avant le repas et s’alimenter normalement durant le jour. Il sera plus facile d’écouter son corps et de respecter sa sensation de rassasiement à la fin des repas.
Ne pas hésiter à en laisser de côté ou pour le lendemain
Le contexte social et l’aspect spécial autour de certains plats du temps des Fêtes peuvent nous amener à manger au-delà de notre rassasiement. Rappelons-le, ce n’est pas la fin du monde que ça se produise. Toutefois, pour en limiter les inconforts physiques et même diminuer le gaspillage alimentaire, pourquoi ne pas apporter des plats dans lesquels on peut mettre nos restants, plutôt que de se forcer à finir son assiette ? On pourra les savourer le lendemain !
Continuer de faire des activités qui nous font sentir bien
Malgré l’horaire des Fêtes qui nous sort typiquement de notre routine, il peut faire beaucoup de bien continuer à pratiquer les activités sportives qui nous font plaisir. Elles sont bénéfiques pour notre bien-être et pour aider à garder un bon sommeil. Pourquoi ne pas faire changement de la classique séance de musculation en allant patiner en famille ou prendre une marche afin d’admirer les décorations de Noël ? Toutes les options sont bonnes !
Attention ! Il ne s’agit pas de faire du sport pour « brûler » les calories en extra. Je vous encourage à vous tenir loin de ce type de discours, car bien que banalisés, ces propos sont directement liés aux troubles des conduites alimentaires.

Amener des options sans alcool à la table
En plus des repas plus riches, la période des Fêtes rime souvent avec une consommation d’alcool accrue. Malgré l’aura festive qui lui est associée, l’alcool demeure une substance toxique qui nuit à la digestion et à la qualité du sommeil. Pour doser sa consommation et surtout, profiter des évènements dans le plaisir, pourquoi ne pas offrir des options sans alcool et faire découvrir des nouveaux produits à nos invité⸱e⸱s ? Sans en diaboliser sa consommation, amener des options sans alcool est une façon d’offrir de la variété à tous et de s’offrir un outil additionnel pour mieux se sentir autour des repas. Le répertoire québécois s’est d’ailleurs largement agrandi dans les dernières années. Voici quelques produits que j’aime bien :
- Mocktails : Statera Spirits ;
- Mocktails : Atypique ;
- Bières : BSA – Bière Sans Alcool ;
- Bières : Sober Carpenter ;
- Vin sans alcool : Lao
- Mousseux sans alcool : Loxton.
Ne pas se taper sur la tête
Je le dis souvent : la culpabilité n’est pas un ingrédient ayant sa place dans notre assiette. Ce n’est absolument pas la fin du monde si on mange davantage lors de certains repas des Fêtes et qu’on déroge de nos habitudes. Profitez des beaux moments avec vos proches et des aliments savoureux devant vous.

Les commentaires sur le poids et l’alimentation
La période des Fêtes implique typiquement de voir des ami⸱e⸱s et des membres de la famille qu’on ne voit pas forcément tous les jours. Les changements corporels sont malheureusement un sujet de discussion. « Wow, tu as fondu depuis cet été ! Ça te va bien ! ». « Ouf, fais attention de ne pas y aller trop fort sur les desserts… ».
Ceci sera donc mon rappel comme professionnelle de la santé que les commentaires sur le poids, même sous forme de compliments, sont à proscrire. Ceux-ci perpétuent la valorisation de la minceur, les standards de beauté irréalistes et peuvent encourager des comportements dysfonctionnels avec l’alimentation et l’activité physique. Plus encore, ils peuvent être des déclencheurs pour des individus vivant avec un trouble des conduites alimentaires. Votre nièce de 14 ans travaille peut-être sans que vous le sachiez depuis des mois à se défaire de l’anorexie. Un seul commentaire pourrait la tirer de nombreux pas en arrière.
Au-delà des effets négatifs des commentaires sur le poids, n’y a-t-il pas 1001 autres choses plus intéressantes à discuter en famille ? Les projets pour la nouvelle année ? L’épanouissement de votre cousin dans son nouvel emploi ? Les voyages réalisés par votre tante ?
Si on en ressent la force, on peut se positionner comme allié⸱e lors des repas de famille : détourner la conversation, ramener le focus sur les qualités et les accomplissements d’un membre de la famille ou carrément nommer que les commentaires sur le poids n’ont pas leur place. On peut également demander à un de nos proches d’agir comme allié⸱e pour soi. Par exemple, demander au préalable à son conjoint ou à sa grande sœur de répondre si quelqu’un commente notre poids ou notre alimentation. N’oubliez jamais que même si elles déstabilisent les autres ou sont incomprises, vos limites personnelles seront toujours valides et méritent d’être respectées.
Aller chercher de l’aide
Il n’est jamais trop tard pour commencer en suivi en nutrition et discuter des craintes associées à la période des Fêtes avec un⸱e professionnel⸱le de la santé. Garnir son coffre à outils pour passer un beau Noël et entamer un processus de guérison d’un trouble des conduites alimentaires sera toujours un des plus beaux cadeaux que l’on pourra s’offrir.
(P.S. : Dans le cadre ma pratique privée, j’ai ouvert plusieurs disponibilités avant et pendant la période de Noël pour accompagner les gens qui en auraient besoin.)
Et finalement…
À quiconque ayant besoin de lire ça : n’oubliez pas votre valeur comme personne n’est aucunement définie par ce qui se trouve dans votre assiette à Noël, ni par les fluctuations de votre poids. Vous êtes digne de passer un merveilleux Noël en compagnie de vos proches !